Un épisode tiré par les cheveux
Scrogn | 19 février 2007Ces derniers jours ont été d’un pénible édifiant pour moi… Permettez-moi de vous dire que la cuvée 2007 de Gastro-Entérite premier cru, est particulièrement coton. J’y ai (dé)goûté la première. Evidemment le reste de ma tribu, jaloux de mes exploits stomacaux, s’était mis en tête de m’égaler, les uns après les autres. Aussi, moi et ma tronche verdâtre, avons sillonné le domaine familial, tels des âmes en peine, avec ce qu’il fallait pour effacer les oeuvres d’art de nos intestins, sans parler des petits mots réconfortants qu’il fallait prodiguer ici et là . Mais, entre nous, c’est pas facile d’avoir le coeur sur la main, alors qu’on l’a au bord des lèvres…
Alors que j’immergeais tout doucement de mon état vaseux, je jetais un regard attendri sur ma petite bande de vomisseurs-diarrhéiques-fiévreux. Qu’ils faisaient peine à voir ! Le Crapulet était divinement assorti avec le vert du canapé. Ton sur ton. Grumpy, tout pâlot, avait même délaissé son pouce chéri et se contentait de râler de temps en temps un petit « agheu » pas franchement convaincu. Le pire des trois moufflets, c’était l’affreux Jojo. Mais je ne savais pas en quoi. Son entrain ? Non. Malade, pas malade, il regimbe, ferme et fier devant l’adversité. Son teint ? Il se situait dans la moyenne des deux autres. Ses containers sous les yeux ? J’en avais un plein entrepôt dans mon salon. Alors qu’étais-ce ? En tout cas, c’était physique…
Doucement bercée par ces interrogations (oh non ! j’vas vomir), et mue par un relent (blurps), que dis-je, un vague souvenir de bien-être, je me décidais de ramper péniblement vers la douche. On ne sait jamais. Dans un moment d’égarement (c’est ça, égare-toé, maudit virus !!!), la gastro pourrait confondre mon tube digestif avec les tuyaux d’évacuation de notre salle de bain. Pis, pour une fois, je peux longuement me savonner, shampouiner, sans craindre une catastrophe nucléaire dans le salon : ils ne sont pas capables d’opérer des prouesses de ce côté-là .
Après cet interlude récurant, oh combien béni, je me dirigeais, stoïque, vers le sanctuaire de mes peignes et brosses, avec toujours à la racine des cheveux, cette interrogation lancinante : qu’est-ce que l’affreux Jojo avait de pire… Et là , la révélation…
Aux côtés de la tondeuse à cheveux (voui, la reine-mère réalise des économies en coupant elle-même la tignasse de ses mâles), aux pieds des dents (?) des peignes, à la barbe des brosses, il y avait…
Vous avouerai-je ce que mes yeux éplorés ont découvert ? Voui ? Nan ? Parce que nous sommes amis sans même nous connaître, je vais vous révéler l’impensable : des cheveux, cruellement cisaillés, gisaient dans le fond du tiroir, à côté d’une paire de ciseaux narquois.
Ce qui m’a le plus vexé dans ce nouvel exploit de l’affreux Jojo, ce n’est pas tant ce souci permanent de nous casser les petons, mais plutôt que ma perspicacité maternelle ait failli… et que s’il n’y avait eu le passage obligé au tiroir des instruments de torture capillaire, je n’aurais point découvert ses performances d’apprenti-coiffeur. Je coupe si mal les cheveux que ça ?
Moralité : c’est décidé, je m’arme de la tondeuse à gazon, la prochaine fois…. Et on va bien rire…